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Cathédrale

Chevet

    La cathédrale actuelle a été précédée de trois autres :

    Girard de Blay, devenu évêque d'Angoulême en 1102, décida d'édifier une nouvelle cathédrale et un palais épiscopal, utilisant les revenus des abbayes et de cinquante églises de son diocèse, le tout complété de l'apport généreux du chanoine Itier Archambaud. L'édifice actuel, construit durant l'épiscopat de Girard (1102-1135) est donc de la première moitié du XIIe siècle, pratiquement terminé en 1128, date de sa consécration.

    Mutilée en 1562 et en 1568 lors des guerres de religion, la cathédrale a été réparée de 1625 à 1634 et rouverte au culte après une interruption de 66 ans, enfin restaurée de 1852 à 1875 par Paul Abadie qui, au nom de l'unité de style et pour retrouver la pureté romane, crut bon de faire disparaître toutes les additions ultérieures au XIIe siècle.

    La façade, quelque peu librement retouchée par l'architecte Paul Abadie qui a rajouté le pignon et les deux tours, présente un décor exceptionnel d'une grande richesse exécuté entre 1125 et 1135 : 75 personnages, statues et bas-reliefs, symétriquement enfermés par groupes dans des arcatures superposées ou dans des médaillons, évoquent, dans leur ensemble, le thème du Salut, associant comme dans le Credo l'Ascension du Christ et son retour à la fin des temps avec le Jugement Dernier, des thèmes qui n'avaient été jusqu'alors traités que sur les tympans des portails. Mais plus qu'en juge (les scènes figurant l'Enfer et les châtiments des pécheurs y sont peu nombreuses), le Christ, entouré des symboles des quatre évangélistes, apparaît plein de sérénité et de gloire représentant ainsi la Rédemption. Cet ensemble alors très novateur a eu une influence considérable au point de servir de modèle à plusieurs églises de l'Angoumois.

    Le décor de la façade contient les principaux thèmes de la foi chrétienne. Le rez-de-chaussée évoque la vie terrestre avec ses luttes, ses souffrances à travers des scènes de chasse et des combats de chevaliers peut-être inspirés de la Chanson de Roland qui ornent arcs et frises. Dans les tympans qu'ils délimitent, de part et d'autre du portail central, les apôtres, tenant l'Evangile, partent prêcher la Bonne Nouvelle et baptiser toutes les nations. A l'étage médian, entourant le grand vitrail central, les apôtres tournent leur visage transfiguré vers le Christ situé plus haut. Proche de ce vitrail(en haut, à gauche), la Vierge est au milieu des apôtres, représentée en femme vêtue et coiffée à la mode du XIIe siècle.

    Au-dessus du vitrail, les anges semblent faire le lien entre le Ciel et la Terre. Tout en haut, dans une mandorle, le Christ en gloire, à la fois en ascension et comme venu du ciel selon les diverses représentations du Jugement Dernier, apparaît parmi les symboles des quatre évangélistes : Mathieu (l'ange), Marc (le lion), Luc (le boeuf), Jean (l'aigle). C'est aussi le retour glorieux du Christ dans la joie traduite par les personnages dansant au-dessus des apôtres. Le Jugement Dernier est annoncé par l'ange sonnant de la trompette. Dans des cercles, symboles d'éternité, les élus ont la tête nimbée d'une auréole. Quant aux damnés, rejetés aux extrémités, à droite et à gauche de la façade, « dans les ténèbres extérieures », ils sont torturés par les démons.

    L'intérieur de la cathédrale relève de l'école romane périgourdine. En effet, ancien chanoine écolâtre à Périgueux, Girard, devenu évêque d'Angoulême, se souvint du moyen utilisé là-bas pour couvrir une large nef : aussi la nef unique comprend trois travées carrées couvertes de trois coupoles sur pendentifs d'un très grand diamètre.

    Les murs latéraux, renforcés par des arcatures, soutiennent une galerie traversant les piles. Dans l'allée centrale, une dalle funéraire recouvre le corps de Philippe de Volvire, gouverneur de l'Angoumois, assassiné à Paris en 1585.

    Le choeur, profond, est amplifié par quatre absidioles rayonnantes : le jeu de lumières et le décor principalement floral donnent une vision de plénitude et de spiritualité.

    Les deux croisillons du transept sont voûtés en berceau brisé. Chaque extrémité était surmontée d'un clocher. Le clocher septentrional se dresse au-dessus d'une coupole reposant sur une base octogonale soutenue par des colonnes aux très beaux chapiteaux sculptés. Les quatre derniers étages de ce clocher ont été reconstruits en 1852-1853 sans qu'on ait songé à réutiliser les cent-quatre-vingt chapiteaux anciens qui le décoraient. La tour actuelle donne cependant une copie presque fidèle du modèle détruit.

    Sur la croisée du transept, Paul Abadie termina en 1875 la construction d'une lanterne néo-romane selon la volonté de l'évêque Mgr Cousseau, en remplacement d'une coupole en bon état pour constituer un dôme à la façon des églises d'Orient tant l'évêque était persuadé que la cathédrale était la la petite fille de Sainte-Sophie

    Le transept sud apparaît amputé , le clocher qui le surmontait ayant été abattu lors du siège de la ville par l'armée protestante de l'amiral Coligny. En 1782, les piles du clocher sud furent démolies pour l'établissement d'une grande sacristie à boiseries devenue une chapelle aujourd'hui avec les portraits des évêques d'Angoulême. Près de l'entrée de chapelle dite « des oeuvres », se tient le priant de Mgr Sebaux, mort en 1891 et sculpté par Raoul Verlet. Au fond de cette chapelle du XVIIIe siècle, une porte ouvre sur une autre petite chapelle celle-ci gothique à belles voûtes à croisées d'ogives.

    Au milieu de l'arcade centrale de la troisième travée, au nord, on peut remarquer un enfeu d'un prélat non identifié (peut-être Pierre II Tidmont, mort en 1182) orné d'un groupe sculpté comportant la Vierge à l'Enfant ayant à sa gauche saint Pierre et à sa droite l'évêque défunt. Les mains, les têtes et les attributs ont été refaits en 1870.

    Au revers de la façade et au-dessus de l'entrée, fut bâtie en 1784 une tribune de pierre de style corinthien destinée à supporter un nouvel orgue, fait par le Parisien Miocque, et installé à partir de 1786.

    A l'extérieur, on peut avoir une vue d'ensemble du chevet avec ses absidioles et, au nord, la tour-clocher ou campanile (59 m de haut) avec ses étages superposés qui en font le plus beau clocher d'Angoumois et, au sud, l'absence de la tour qui lui faisait pendant, détruite lors des guerres de religion. On peut aussi admirer au-dessus de la statue du comte Jean, grand-père du roi François Ier, une belle frise représentant une biche harcelée par deux chiens et encadrée par deux lions impassibles.

    Le long du mur nord, une colonne funéraire de marbre noir est tout ce qui subsiste du mausolée élevé en 1622 par le duc d'Epernon à son épouse Marguerite de Foix-Candale et réalisé par Jean Pageot. La rue qui longe la cathédrale de ce côté a été percée en diagonale à travers l'emplacement de l'ancien cloître en 1812. retour

    Roland