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Place Beaulieu

place Beaulieu

Le site se trouve dans une partie de la ville à faible densité d'habitat, où jardins, vergers, champs et vignes restèrent importants jusqu'au XVIe siècle. Il tient d'ailleurs son nom de Beaulieu du fait qu'il offre un vaste espace ouvert, en hauteur, permettant une large et agréable vue sur le paysage alentour. Sa position forte, dominant un coteau escarpé à l'extrémité du plateau, explique aussi la présence très ancienne de remparts et de tours. Deux portes avaient été percées dans cette enceinte : au Sud la porte de Beaulieu, à peu près dans le prolongement de la rue du même nom, et au Nord la porte Esguière, permettant d'accéder à la Charente en cas de siège. Pendant les guerres de religion, en particulier lors du siège de 1568 par les protestants de Coligny, ce rempart de Beaulieu fut soumis à rude épreuve: victime de tirs intensifs, il vit s'élargir une brèche que les assiégés tentèrent d'obsturer avec des fascines de pipes pleines de terrain. Il est vrai que l'ennemi avait installé ses canons à proximité immédiate, dans l'abbaye voisine de Saint-Ausone !

L'emprise ecclésiastique fut longtemps forte aux abords de la place. Ainsi dès la première moitié du XIe siècle est fondé le prieuré Notre-Dame de Beaulieu. En 1573, l'abbaye de Saint-Ausone ayant été détruite en grande partie lors des guerres de religion, les Bénédictines s'y installèrent et y restèrent jusqu'à la Révolution. Leur cimetière et celui de la paroisse de Beaulieu occupaient la partie Sud et Sud-Est de la place. A proximité se trouvait le couvent des Minimes, installé par Marie de Médicis en 1619, et qui disparut en 1775.

Le site est aménagé en lieu de promenade à partir de la fin du XVIIe siècle. Ainsi en 1699, pour donner du travail aux miséreux en année de disette, l'intendant Bernage fait aménager la place au Nord et à l'Ouest de l'abbaye. Les remparts sont arasés à hauteur d'appui et on plante des arbres. Le travail est poursuivi après 1739.

Sous la Révolution la place est un lieu de rassemblement et le point de départ de divers cortèges et défilés lors des fêtes patriotiques qui animent alors fréquemment la ville. L'abbaye sert alors d'hospice municipal et de dépôt de salpêtre en attendant, en 1800, d'accueillir l'Ecole Centrale d'Angoulême. Celle-ci est remplacée dès 1804 par une Ecole Secondaire municipale, puis en 1810 par le Collège communal, et enfin le Collège royal en 1840 ! Ce dernier est entièrement reconstruit par l'architecte Abadie père entre 1844 et 1846, et, agrandi sous le Second Empire par son fils dans le même style néo-classique, devient lycée impérial : c'est l'actuel lycée Guez de Balzac.

A la suite de la première guerre mondiale, la construction d'un monument aux morts est décidée. Le concours est remporté par l'architecte angoumoisin Baleix, lui-même ancien combattant, et par le sculpteur Peyronnet. Edifié au Nord de la place en 1925-26, il présente une décoration très symbolique et austère. Il reste aujourd'hui le lieu privilégié de rassemblement pour toutes les commémorations militaires. retour